mercredi 19 décembre 2012

“Aux tables des grands hôtels de Paris, 1855-1914”, par Alexandre Tessier



Conférence d’Alexandre Tessier, Docteur en Histoire, ATER à l’Université de Tours, EA 6294 LÉA

Vendredi 14 décembre 2012, dans le cadre du programme des rencontres de l'honnête volupté.
Abstract rédigé par l'auteur.



La grande hôtellerie parisienne naît sous le Second Empire. Précédemment, il existe
bien une industrie hôtelière, avec parfois des établissements offrant des prestations de très bon
niveau comme le premier hôtel Meurice, mais l’on peut sans conteste affirmer que les deux
grands hôtels créés par les frères Pereire, le Grand Hôtel du Louvre (inauguré en 1855) et le
Grand Hôtel (1862), sont à l’heure de leur inauguration deux nouveautés dans le paysage de
l’industrie de l’accueil à Paris, à savoir deux hôtels de grande capacité et de grand confort.
Plus qu’une histoire de la grande hôtellerie parisienne, l’objet de l’intervention porte
sur l’étude de la restauration (au sens large) proposée par les grands hôtels, de leur création à
l’aube de la Première Guerre mondiale. Au-delà de l’offre alimentaire, il convient de
s’interroger sur les efforts déployés dès le Second Empire pour faire des palaces parisiens des
nouveaux temples de la gastronomie de la cité, voire du pays. Les premiers établissements
utilisent largement l’argumentaire culinaire dans leur éventail commercial, pouvant prendre
une tournure lyrique : « la gastronomie au Grand-Hôtel a le choix entre deux manifestations
élevées : la cuisine classique, qui apparaît à la table d’hôte et aux banquets, et la cuisine
étrangère. […] A côté de la cuisine française, cette quintessence de tous les types adoptés par
la civilisation européenne, vient se placer la cuisine exotique, et les étrangers accourus de
tous les points du globe ont la satisfaction de pouvoir manger leurs mets nationaux. Le
Chinois peut y retrouver ses nids d’hirondelles : l’Indien, ses tortilles de maïs ; le Turc, ses
viandes accommodées suivant le rite musulman ; l’Israélite, ses préparations orthodoxes ; le
Russe, son caviar et ses beefteacks d’ours ; l’Anglais, son roastbeef, qu’il peut arroser de
sherry authentique »1 . De plus, les parties immergées (caves, cuisines, offices, etc.) ou
apparentes de l’iceberg (salles de réception) doivent attirer l’attention de l’observateur dans la
mesure où elles prouvent que la table des grands hôtels agit dès l’origine pour garantir leur
image de marque et ainsi leur succès. Enfin, la perspective relativement longue permet de
mettre en évidence les évolutions et surtout les singularités de chaque établissement en
matière d’offre alimentaire (que ce soit au niveau des menus ou des modes de consommation),
permettant de segmenter le marché de l’hôtellerie de luxe et de demi-luxe à Paris grâce à la
table.
1 Guide de l’étranger dans Paris et ses environs, Grand Hôtel, édition de 1877.

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