mardi 14 février 2017

Le personnage du cuisinier dans les textes espagnols du Siècle d'Or



Intervention de Nathalie Peyrebonne

 À partir de la fin du Moyen Âge, l’Espagne, comme ses voisins européens, va accorder un statut renouvelé au cuisinier, personnage œuvrant en coulisse, associé au sang, au sale, aux entrailles malodorantes, jusqu’alors peu estimé socialement, voire peu recommandable. Certes, les textes publiés en Espagne aux XVIe et XVIIe siècle s’appuient encore largement sur toute une série de représentations héritées de l’époque qui précède et bon nombre de moralistes voient les cuisiniers comme des agents de perversion morale, qui participent à cette inflation du luxe, des frais de représentation qui font de la société de l’époque, selon eux, une société malade. Mais les cuisiniers, qui signent les premiers livres de cuisine, sont peu à peu intégrés à ces nouvelles sociabilités qui elles-mêmes se trouvent au centre des réflexions visant à définir ce que peut alors être un courtisan, figure d’homme idéal en construction. La cuisine fait la table, et la table est devenue une scène incomparable où l’homme va pouvoir manger mais aussi converser, rire, se mouvoir, en un mot, exister, un noyau de sociabilité dont les enjeux dépassent très largement l’ingestion alimentaire.

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